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Les Framboisiers
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17 janvier 2011

Un peu de MERCERIE...

mercerie

Pour vous faire patienter jusqu'au 19 de mes nouvelles... j'ai recopié ces quelques lignes de littérature pour nous, les amoureuses des fils multicolores et des points réguliers :

"Je voulais une tresse de fil et une tresse de soie, composées d'aiguillées égales et multicolores à l'ancienne manière, nouées à chaque bout comme les cervelas. Je les ai. Un peu maigres, mais un joli travail de natte à la main,une vraie passementerie. Je voulais des boutons pour la lingerie, en nacre, à quatre trous. En nacre, je ne m'en dédis pas.Oui en nacre, folie et dilapidation ! Et des aiguilles, donc, des aiguilles "anglaises" (quand j'étais petite, leur enveloppe vernissée était déjà imprimée en allemand), des aiguilles que nous appelons, nous autres techniciennes du cousu main, "à chas diminué". Et de la laine à repriser, en cartes. Et de l'élastique pour coulisser les ceintures des culottes en maille. Et des bobines de fil vieux style, du "fil poissé" pour coudre dans du cuir. Ai-je cousu, couds-je, coudrai-je dans du cuir ? Là n'est pas la question. Et du cordonnet de soie en vraie soie, pour refaire les boutonnières fatiguées des vêtements d'homme... Un étrange bien-être se peut donc puiser dans l'aspect, le contact de certaines "fournitures" que n'a jamais régies, ni modifiées, aucun souci d'esthétique ou de mondernité ? Bien sûr. Mais c'est parce que je suis encore riche, je n'utilise pas à la manière ordinaire. Dans un sens magique de contemplation et d'évocation, je m'enrubanne de mercerie. Vous ne vous figuriez tout de même pas qu'elle a su, ma main droite un peu pelotonnée par l'habitude d'écrire, enfanter ce chef-d'oeuvre de régularité, de discret relief, de solidité : une boutonnière de vêtement masculin ? J'entends la boutonnière au point de feston, naturellement. L'autre, la boutonnière dite passepoilée, n'offre aucune poésie.

Pour ce qui est des aiguilles à tapisser, la recherche est décevante. En France, néant. En Suisse, le désert. Il y a longtemps que dans les grands magasins français on me répond : "Nous ne connaissons pas ça. Oui, autrefois, je ne dis pas..." avec la tête penchée de côté, vous savez, un peu comme le chien à qui on offre un verre vide, et on me propose, compensatrices, des aiguilles à repriser ! Je projette, quand mon meilleur ami reprendra le volant et sa patience, de m'arrêter à toutes les petites merceries de village, les vraies, celles qui ont encore un portillon et une sonnette, celles qui mettent les boutons dans la boîte à laine, la laine dans le tiroir aux lacets, les lacets dans le compartiment aux fermetures Eclair, celles qui embaument le hareng saur, celles, enfin, où une fillette se tourne vers la sombre arrière-boutique en criant : "Maman, je les trouve pas, ces aiguilles que la dame me parle !"

Colette LE FANAL BLEU 1949

mercerie2

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Commentaires
C
très beau texte à savourer lentement..merci<br /> A bientôt.....
M
Je n'y connais rien en mercerie ou si peu... mais j'aime tant la littérature ! merci pour ce partage !
M
un texte pour les passionnées de fils et autres articles de mercerie... j'arrive.... je viens de me commander un livre pour apprendre la broderie... faut voir !!
B
mais quelle collectiond efils!<br /> bisous<br /> flo
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